vendredi 25 septembre 2015

Aït-Bouyahia : Couleurs, saveurs et décors

MESSAGE D’ACCOMPAGNEMENT : Chères lectrices et chers lecteurs, comme ce thème ou article que nous vous « postons » coïncide en date avec l’Aïdh Tamuqrant, nous vous le dédions avec tous nos souhaits les plus sincères de passer une heureuse et bonne fête !
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Mouloud Halit
Ait-Bouyahia

Aït-Bouyahia : Couleurs, saveurs et décors

Thème n° 10 : Avrid-Txaruvt


En notre village, le trafic routier se compte parmi les principaux atouts. Ses avantages sont palpables tant en ses quartiers qu’en ses campagnes environnantes. Une panoplie d’itinéraires compose sa trame routière, essentiellement les routes, les ruelles, les chemins, les parchemins, les impasses, les passages, les sentiers, y compris les sentiers de chèvres. Le trafic routier qui en découle est quotidien, permanent, plein de mouvements et d’animation. Toutes les destinations se valent parmi elles les habitations, les champs, le sous-bois, l’école, les fontaines, la mosquée, la Djema, le cimetière, etc. A l’échelle plus lointaine, l’on rejoint les villages de nos bons voisins, le chef-lieu de commune qu’est Béni-Douala Centre, et ça continue plus loin via le prolongement des parcours.
Chacun des itinéraires comme il est large ou étroit, distant ou pas, peu ou très fréquenté, etc. Et pour tout itinéraire long ou distant, surtout quand celui-ci est très fréquenté, ce serait un salut réconfortant en cas de disponibilité de quelque raccourci qui puisse l’écourter. Ceci dit, l’un des tronçons relevant de la route principale de notre village, nommément Avrid-Txaruvt (à prononcer : Avridh at-Kharouv’th) est l’extraordinaire raccourci dont nous allons en parler.
Au commencement, et à partir de cette année 2015, reculons en temps moyennant un saut ou bond conséquent d’un demi-siècle en arrière. Nous y voilà alors aux années soixante du siècle d’avant, et en espace, au site dit Laxmis d’où débute en montée notre beau raccourci. Ce raccourci qu’est Avrid-Txaruvt - au sens significatif : la route du Caroubier, en est ainsi appelé en raison d’un caroubier ayant poussé là, en bordure de route. C’en est un arbre des plus rares, pour ne pas dire unique en son genre qu’il fût jugé par nos ancêtres fort adéquat pour le discernement. Ainsi fut-il choisi et opté comme prête-nom. A cette époque des années soixante, ce caroubier légendaire existait bel et bien. D’un âge séculaire, il était majestueusement dressé avec son tronc court et au pourtour géant. Ses branches ramifiées et bien étalées ombrageaient la parcelle de route qu’elles recouvraient. Et ces branches qui ont la particularité de ne jamais se dégarnir de leur feuillage luxuriant et verdoyant. D’où en toutes saisons, ce somptueux arbre ornemental qui forme une sorte tunnel tout naturel.
En longueur, Avrid-Txaruvt n’est rien d’autre qu’un tronçon d’un demi-kilomètre, tout au plus. Prenant départ du site de Laxmis, et son terminus situé, en montant, au tournant en même temps carrefour dit : Turna Luvayar. D’où commence le site Budahmène. Ce carrefour en fourche, à le prendre dans le sens de la montée, reçoit comme arrivée deux routes que sont Avrid-Txaruvt et Avrid-Ajdid : la route carrossable. Comme sortie, le prolongement commun de ces deux routes, en route carrossable. A cette époque, Avrid-Txaruvt avait l’aspect habituel d’une route ancienne et traditionnelle. Ressemblant plus à une route de campagne. Néanmoins, elle est pourvue de quelques habitations en éparses, pouvant être comptées sur les cinq doigts de la main. Quatre ou cinq tout au plus, parmi elles celle de Tahar l’Hocine du coté d’Agueni b-Afir, et celle de Khabil, un peu plus en haut, par le coté opposé.
De la place de Laxmis d’où il débute en côte, ce raccourci avait à sa droite l’ex mairie, bâtie en pierres taillées. A sa gauche, il en est un bout de sépulture avec une douzaine de tombes environ. Ce bout de cimetière était entouré d’une clôture en fils de barbelés, qui plus est, en retrait du cimetière principale, situé du coté opposé de la place. Et ce bout qui - à son milieu, disposait comme ornement d’un olivier sauvage, ou l’oléastre dit : Ahecad. Comme l’école primaire (Lakul Laxmis) est côte à côte avec le cimetière, les écoliers, en attendant l’ouverture du portail, s’introduisaient - avec malin plaisir et en intrus chérubins, dans ce bout cimetière. Ils aimaient s’asseoir là en toute quiétude, et parfois de grimper sur les branches de l’oléastre. Et moi-même, je l’avoue, qui en est l’un de ces intrus chérubins. 

De par son apparence, avons-nous dit, le raccourci ressemble plutôt à une route de campagne. Les piétons qui l’empruntent soit en montée accentuée sinon en descente abrupte s’en prennent à un état de route peu commode. C'est-à-dire : un état de route en terre battue, parsemé par-ci par-là de rochers, de creux. Voire un état pareil ou presque à un lit desséché de ruisseau. En bordures, néanmoins, des clôtures, assez bien faites avec leur échalier d’accès, forment deux rangées parallèles, longeant de bout en bout le raccourci. Et ces clôtures accompagnées par des arbres alignés et espacés, à la manière des sentinelles. Et ces arbres types ornementaux, géants et ombrageux, parmi eux les frênes, les chênes, y compris le légendaire caroubier. Quiconque des piétons jette son regard par delà les clôtures, se rincera l’œil à souhait à la vue de beaux champs, au mieux garnis d’arbres fruitiers. En l’occurrence les figuiers, les pommiers, les cerisiers, les vignes, etc. Ces champs sont morcelés, en étant visiblement délimités par leurs haies de séparation. Dans chaque champ (ou lopin de terre) l’on aperçoit l’indispensable gourbi du paysan, avec sa toiture en tôles ondulées, scintillantes aux reflets du soleil.
Comment donc Avrid-Txaruvt était-il un fabuleux ou extraordinaire, raccourci !? L’explication ou justification à vouloir l’élucider consiste à le comparer à sa rivale qu’est la route carrossable. Avec l’avènement de la route nouvelle et carrossable, dite : Avrid-Ajdid, le raccourci d’Avrid Txaruvt s’est vu dédoublé en circuit fermé. En clair, Avrid-Txaruvt et Avrid Ajdid partent communément du site de Laxmis, correspondant à leur niveau bas. De là, via deux itinéraires différents, les deux montent en côte avant de se rejoindre un peu plus haut au tournant susmentionné : Turna Luvayar. De par leurs extrémités communes, inferieure et supérieur, ils forment donc un circuit fermé. Quant aux différences qui les caractérisent, celles-ci s’appuient sur l’envergure de leur côte et l’écart distant de leur itinéraire. En les comparant, la route carrossable est de loin la plus longue, de par son tracé en « V », et Avrid-Txaruvt qui est vraiment court, en coupant tout droit de par son tracé direct. Néanmoins, l’un comme l’autre de ces itinéraires ont chacun un avantage et un inconvénient, conjointement. L’inconvénient du plus long en est la distance, mais comme avantage sa côte qui y est fort atténuée, voire adoucie. L’inconvénient du plus court en est sa côte très accentuée, et comme avantage, son raccourci semblable au vol d’oiseau. Cela dit, tout piéton qui arrive à la place de Laxmis y est sujet à ce double choix, aux avantages et aux inconvénients à fortiori antagonistes. Et en cela, Avrid-Txaruvt qui remporte de loin le trophée de par son predominant avantage. Ainsi choisi par les piétons et les piétonnes, c’est bien lui qui reçoit au quotidien la quasi-totalité de leur effectif. Soit dit, une affluence en piétons et en piétonnes fréquente et permanente. Notamment en raison du chef-lieu de commune qu’est Béni Douala-Centre où ils s’en vont. Pour leurs diverses affaires. Ou cette digression évoquant le bon vieux temps qui s’impose raisonnablement à toutes fins utiles.
En ce chef-lieu, les services publics ainsi que d’autres prestations en sont là disponibles, répondant aux besoins et aux nécessités de l’époque. Là y trouve-t-on les établissements publics et tous types de boutiques privées. Excepté les épiceries et les cafés maures, plus nombreux, le tout peut être classé ou discerné comme suit :
* Comme édifices publics : - la station de taxis, - la station de bus, - la poste, - la mairie, - le marché hebdomadaire, - le collège d’enseignement moyen, - l’institut islamique, - le stade communal, - la Sempac, - la Capcs, - le dispensaire - la Gendarmerie nationale, - y compris la zaouïa d’Akal-Aberkane.
* Comme boutiques privées : - la boulangerie, - les deux boucheries, le restaurant, - le forgeron, le matelassier, le brocanteur, le couturier, le vulcanisateur et le mécanicien. Voilà tout pour cette digression.
L’affluence globale, via Avrid-Txaruvt vers ce chef-lieu de commune, regroupe au mieux encore diverses affluences. C'est-à-dire : en plus de notre village, s’y ajoutent celles des villages avoisinants y passant par là immanquablement. Nommément les villages d’Ath-l’Hadj, d’Ath-Khalfoun, et de Timaguenounine. A l’aller comme au retour, ce raccourci est comme pris d’assaut par préférence.
Voilà donc l’état descriptif d’Avrid-Txaruvt, un demi-siècle en arrière. Maintenant, revenons à notre année 2015, ou un demi-siècle après.
Les deux tronçons formant le circuit fermé en sont toujours là avec leurs tracés comme figés, c'est-à-dire : inchangés. Pour ne parler que d’Avrid-Txaruvt - le seul qui nous intéresse, l’on dira que quiconque des braves gens l’eut connu au vieux temps dans son aspect de campagne, pour ne le revoir spontanément en son état actuel, celui-ci n’en croira pas ses yeux, peut-être bien. Avec l’agréable surprise à lui donner le tournis, il découvrira non pas l’ex route de campagne mais bel et bien une ruelle en pleine agglomération. De ses pieds, il ne foulera aucunement l’ex route en terre battu mais une allée dallée, uniformément cimentée, entrecoupée de marches régulièrement espacées. De part et d’autre - excepté l’ex mairie, rien n’est resté du décor des années soixante. Plus d’oléastre entouré de sa poignée de tombes. Aucune des clôtures ayant jalonné l’itinéraire. Aucun arbre, pas même le légendaire caroubier ayant servi de prête-nom. Dans son nouveau look si ressemblant à un couloir à ciel ouvert, Avrid-Txaruvt est enserré de part et d’autre par une succession d’habitations, accolées côte à côte, de types R+1 et R+2. Parcourant faisant, s’égrènent tour à tour les poteaux électriques, les portes d’entrées ornées ou sculptées, les fenêtres avec volets et persiennes, des balcons aux claustras, et pareils que des champignons, les antennes paraboliques : ces fenêtres ouvertes sur la planète toute entière. Tel est donc ce que nous avons voulu relater en toute modestie sur ce beau raccourci qu’est Avrid-Txaruvt.
Pour conclure, autant dire avec joie et satisfaction que notre beau raccourci qu’est Avrid-Txaruvt, s’il n’est pas tout à fait magique, néanmoins il jouit d’une part de magie de par son fait magique à remonter le moral pour ses honorables piétons. Arrivé là, chacun d’eux aurait à l’emprunter, en y montant ou en y descendant, avec la pensée salutaire de gagner du temps, en gagnant sur la distance.
…Et ce petit bonheur discret sans cesse éprouvé qui continue et qui continuera de s’éprouver toujours et toujours à Avrid-Txaruvt, puisse Dieu !
TANMIRT U-NADJAKOUN DHI-LAHNA !
TRES PROCHAINEMENT, INCH’ALLAH ! Notre thème (ou article) n°11 sera consacré pour l’un des vestiges anciens, appartenant à notre village, précisément la fontaine publique dite : Tala-Tliwa. Cette fontaine située au bord de la route principale et offrant gratuitement son eau de source potable, à tous les passants sans distinction. ATTENDEZ-NOUS !

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