vendredi 18 septembre 2015

Aït-Bouyahia : Couleurs, senteurs et décors (Thème n° 5) Tacamlitt di Tadart : Le volontariat massif au village

Mouloud Halit

Aït-Bouyahia : Couleurs, senteurs et décors 

(Thème n° 5)
Tacamlitt di Tadart : Le volontariat massif au village
Sommaire
I- Introduction
II- Tacamlitt, son origine et ses bienfaits
III- Tacamlitt, les différents types
IV- Le Comité du village, un rôle moteur et moral
V- Les habitants du village, un rôle actif et participatif
VI- Tacamlitt, un cas bien précis
VII- Conclusions
I) Fidèle à notre ligne directrice qu’est celle de vous évoquer les couleurs, les senteurs et les décors de notre région, tout en s’inspirant comme bel exemple de notre village (Tadart n’Ath-Vouyahia), voilà que notre choix se porte une fois de plus sur cette facette au titre Tacamlitt, ou le volontariat massif. Pour mieux dire : Tacamlitt (à prononcer : Thachamlith) représente une activité collective s’effectuant au village dans le cadre d’un intérêt général. La vie en société au sein du village l’impose et l’exige. Grâce à elle, tant d’éminents services s’accomplissent pour le bien-être des habitants. Et ses services qui souscrivent à une participation de masse, ou des efforts en commun ainsi que nous allons essayer de vous en parler amplement.
II) Selon cette approche de définition, un village est une agglomération dont les habitants vivent en communauté. Et cela avec plus de resserrement des rangs tant il s’agit de regroupements de familles de même souche, formant des quartiers, nommément au singulier : Adhroum
Pour vivre en parfaite harmonie, force en est pour ces quartiers de s’entraider mutuellement, de se partager les biens communs, ou les conditions sine qua none pour un mode de vie prospère et épanoui. Les biens communs en sont les fontaines publiques, la mosquée, le cimetière, les routes, la place publique ou la Djema, l’école coranique, et d’autres... Incluons pour raison de services les épiceries privées du village.
De ces biens publics, il en découle les activités communes, notamment l’entretien et autres travaux bien spécifiques. A titre d’exemple, le nettoyage des fontaines, la réfection des routes, les travaux d’extension, les travaux d’assainissement, etc.
Partant de ces hypothèses, comment donc assurer le parfait ordre sinon que par le biais d’une louable organisation !? Pour ce faire, au village l’on opte avant tout pour la désignation d’un Comité de village, nommément : Imsawqan-n-Tadart. Un Comité au mieux représentatif en étant élu par suffrage universel. En tant qu’autorité locale reconnue, ce Comité a la charge et le devoir de gérer le village en même temps que de diriger ses habitants. Veillant à la prospérité, à la paix et à la stabilité au sein du village. 


Parfois, il arrive que ce Comité se sente dépassé par la responsabilité toute entière à prendre. Pour ce faire, il programme une assemblée du village regroupant les hommes tout entiers du village. Ainsi en cette assemblée plénière, il soumettait pour un débat public la lourde charge qu’il ne pouvait à lui seul d’endosser. De ce genre de débat, il va sans dire que la lumière jaillissait, ramenant du coup toutes sortes d’idées lumineuses, voire originelles. Depuis la nuit des temps, les collectes et les contributions ainsi que les volontariats massifs comptent parmi ces idées lumineuses. Jusqu’à nos jours, ils demeurent des plus importants et des plus valables.
Pour ne parler que de Tacamlit, il s’agit d’une activité collective accomplie bénévolement moyennant volontariat massif. Elle a pour but honorifique l’accomplissement - de par les efforts jumelés des habitants, des activités de grande envergure, lesquelles en sont jugées impératives, utiles, bénéfiques, urgentes, ainsi du reste. Lorsque l’on souhaite bien vivre en communauté, les raisons et les motivations ne peuvent manquer pour recourir aux volontariats massifs. Autrement dit tant de problèmes qui se résolvent et tant de difficultés qui se surmontent. D’où un climat serein assurant le bien-être des habitants. Où l’entente, la solidarité, l’amitié et la convivialité ne peuvent que figurer au premier plan.
Ainsi Tacamlitt - de par ses types multiples et ces bienfaits divers, en est une initiative généreuse dont son origine remonte aux temps de nos aïeux.
III) Les activités collectives relevant de Tacamlitt en sont multiples. Chacune d’elles répond à un besoin sinon à une nécessité spécifiques. Parmi ces besoins et ces nécessités, ceux ou celles à caractère urgent s’accomplissent en priorité, sinon pour les autres, ils sont au mieux planifiés avant d’être programmés. Cela dit, il ne faut surtout pas lésiner jusqu’à faillir à leur accomplissement, au risque qu’accroitre les difficultés puis d’endurer les souffrances et les calvaires.
Sur ce point, le Comité du village qui est la tutelle locale chargée de résoudre les problèmes en apportant des solutions, on le voit fort soucieux au quotidien, demeurant toujours sur le qui-vive. Ainsi au moindre pépin discerné ou élucidé, il dégage à temps et à toutes fins utiles les mesures à entreprendre. En gros, voici les types de Tacamlitt qu’il préconise, répondant au mieux à un bon nombre de prérogatives :
- Pour les funérailles, y compris l’enterrement.
- Pour l’entretien et le nettoyage des fontaines
- Pour la réfection ou le réaménagement des routes et ruelles
- Pour le rituel de Timaccratt
- Pour la cérémonie d’Anzar
- Pour l’assistance à l’assemblée du village
- Pour l’entretien de la Djema : la place public du village
- Pour l’entretien de la mosquée
- Pour les cérémonies religieuses
- Pour les fêtes nationales
- Autres…
IV) Assurément, le Comité du village joue un rôle prépondérant en chacune des Ticamliyine (pluriel de Tacamlitt) qu’il envisage de faire-faire. Le rôle qu’il détient est tant moteur que moral, tout à la fois. A juste titre, c’est lui qui assume la responsabilité en même temps que c’est lui qui décrète les directives et les recommandations, les transmettant pour les volontaires quant à leurs exécutions. Et ces derniers qui sont tenus de les appliquer en s’y conformant à la lettre. Aussi, ce même Comité qui est sensé d’y veiller scrupuleusement au bon déroulement. Voire avant, pendant et même après chaque cas d’application. Avant : il supervise et conçoit. Pendant : il coordonne, dirige et inspecte. Après : il analyse et réceptionne les travaux accomplis : quoique s’agissant d’un bénévolat.
En résumé, le Comité du village spécifie la nature et le lieu de Tacamlitt, sa date et ses horaires, ainsi du reste. Et au jour « j » il joue pleinement un rôle servomoteur afin de superviser et garantir le déroulement harmonieux. En cas de subvention ou d’achat à toute fins utiles, il dispose d’un budget prélevé de la caisse du village. De cette caisse qu’il gère d’ailleurs, il peut donc puiser avec comptabilité les sommes ou les montants indispensables aux dépenses.
Exceptionnellement aux cas courants ou habituels de Tacamlitt, notons que le Comité du village peut envisager et entreprendre des projets ou des travaux de grande envergure. A titre d’exemple, les travaux durables d’assainissement ou d’extension durables, lesquels font l’objet de volontariats successifs.
V) Pour leur part, les habitants du village assurent une participation active et massive. Sous la houlette du Comité du village de qui il reçoit les recommandations et les consignes les plus amples et les plus strictes, les habitants accomplissent en jumelant leurs efforts tous types de volontariat. Chacun d’eux comme il contribue en prêtant mains fortes de par son métier ou son savoir-faire. En cela, Dieu merci, le village recèle de potentialités humaines aptes et compétentes. Ainsi pour les maints domaines s’accommodant pour Tacamlitt, les volontaires apportent bénévolement et à souhait leur contribution. Sans oublier leur sérieux manifeste tant à les voir s’adonner de bon cœur, ou le cœur ouvert au travail. D’ailleurs, leur taux de participation le reflète au mieux. Toujours à l’image d’un volontariat de masse tant il revêt le sens d’une mobilisation grandiose. Pour mieux dire : Tacamlitt est perçue tel un devoir sacré auquel nul ne doit faillir, si ce n’est pour des cas de force majeure.
Avec ces atouts globalement réunis, que dire alors de Tacamlitt sinon que les bienfaits attendus ne peuvent qu’être concrètement fructueux, ainsi que nous allons tenter de l’élucider par ce cas d’exemple bien précis !?
VI) En effet, pour bien élucider les bienfaits de Tacamlitt, rien de mieux que de choisir un cas d’exemple et de le décortiquer amplement. D’où cet exemple pour lequel nous optons, se rapportant à l’entretien périodique des fontaines.
La propreté de nos fontaines fait partie des priorités que le comité du village s’assigne d’une manière périodique. Le moment venu, une Tacamlitt se programme immanquablement. Habituellement, peu avant le début d’été, où l’eau devient une denrée rare, et sa distribution qui s’effectue alors d’une manière rationnelle et précieuse. En cette période des disettes, les fontaines se ferment de nuit pour se remplir jusqu’à déborder par leur trop-plein. Ce n’est que de jour qu’elles s’ouvrent avec réglementation, toujours à des horaires réguliers et fixes. Et la distribution de l’eau qui s’opère avec équité, sous la surveillance et le contrôle d’un agent accrédité. Nommément à l’époque des années soixante : Mouh-d’Amokrane-Lamara (paix à son âme)
A propos de l’exemple choisi, le Comité du village programme une journée de week-end, faisant l’objet de cette Tacamlitt. Ensuite il confie au crieur du village (nommément pour la même époque : Si-Mouh-d’Akli (paix à son âme)) la tâche de propager par avance l’information. Succinctement, le crieur spécifie le lieu, la date, les horaires, ainsi que le type.
Au jour « J » les hommes seuls en sont concernés. Peu avant l’heure, ils rejoignent la Djema pour le rassemblement général. Le comité du village en est déjà là à les attendre. Dès l’horaire arrivé, il donne alors le coup d’envoi en détaillant d’abord les répartitions des tâches. Chaque répartition concerne un groupe d’hommes. Et les répartitions toutes ensembles qui englobent le programme tout entier. Couvrant les secteurs correspondant aux différentes fontaines.
Une fois que tout soit tiré au clair, le Comité du village distribue le matériel et l’outillage de travail pour les groupes formés. Et les outils qui sont pris de la remise cadenassée, conçue en un coin de la Djema. En cas de manque d’outillages, dès lors les emprunts se font auprès des âmes charitables : en vue de ramener les leurs.
Ainsi l’ordre établi, les groupes s’en vont en direction des lieux de travail qui leur sont désignés.
Pour chaque fontaine des groupes d’hommes (trois à quatre personnes par groupe), en sont affectés. Le premier groupe s’occupe d’abord de la vidange de la fontaine en laissant ouvert à fond chacun des robinets. Après quoi, il y rentre à l’intérieur de la fontaine, s’introduisant par la trappe d’en haut, placée au milieu du plafond. Au-dedans, il assure le nettoyage et l’entretien parfait. Brossant, décapant, nettoyant et lavant au mieux, et ce, sans épargner le moindre coin ou recoin.
Au dehors de la fontaine, un second groupe nettoie les abreuvoirs, le parterre dallé et les façades crépies. Un troisième groupe assure le désherbage et le nettoyage des alentours. Les ordures amassées sont ramassées à la pelle et jetées dans la brouette. Toute brouette remplie est à vider au loin en un lieu approprié.
Quand la fontaine est nettoyée et astiqué au-dedans, au dehors et tout alentour, Tacamlit - loin d’être achevée, se poursuit encore. Comme suite, l’état de la route y menant à elle et qui est à parfaire s’inclut alors comme suite au programme d’activités. Bien évidemment, y compris la chaussée et les accotements. Tout doit être impeccable ainsi que le Comité du village aura à le constater lors de sa tournée d’inspection. Autrement dit, tout doit être d’une propreté et d’un look impressionnant sinon rien !
Ce faisant, ses tâches successives demandent en temps une poignée d’heures, et Tacamlitt - telle que prévue, se devait d’être achevée au plus tard en début d’après-midi. Après quoi, un second rassemblement se fait à la Djema. Lors de ce rassemblement, le Comité du village récupère l’outillage et le matériel. L’outillage emprunté est remis à leurs destinataires. Enfin, et sans trop tarder, il clôture Tacamlitt en adressant les louanges et les remerciements les plus vifs aux participants. Après quoi, à la séparation, l’on s’en va déjeuner…
VII) Pour conclure, Tacamlitt est sans conteste l’un des facteurs très influent pour la stabilité, la paix et la sérénité au sein du village. Grâce à ses bienfaits, celle-ci conforte au mieux l’esprit d’entente et de solidarité entre les habitants du village. Autrement dit, elle est une sorte de ciment permettant de raffermir les rangs, et d’affermir l’amitié et la convivialité. Enfin, elle est l’image poignante d’une certaine démocratie saine et sereine. Et, qui mieux est, une coutume bienfaisante héritée de nos honorables ancêtres , se transmettant toujours et toujours de génération en génération.
Djighkoun dhi-lahna : Soyez en paix !

1 commentaire:

Anonyme a dit...

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