vendredi 18 septembre 2015

Aït-Bouyahia : Couleurs, senteurs et décors Thème : n° 6 Notre école primaire, un aperçu comme on s’en souvient

Mouloud Halit

Aït-Bouyahia : Couleurs, senteurs et décors 

Thème : n° 6

Notre école primaire, un aperçu comme on s’en souvient

( Lakul Laxmis, cwitt aken id-necfa )
Sommaire
I) Introduction
II) Présentation de l’école
III) Le corps enseignant et les événements marquants
IV) Une scolarité simple mais de qualité
V) L’euphorie durant nos pauses de recréation. 
VI) Conclusions
I) Parler de notre école primaire en la situant à l’époque où on l’avait fréquentée, précisément aux années soixante du siècle d’avant, consiste à remonter en surface nos beaux et doux souvenirs gardés au fond de nos mémoires. Tant, à dire vrai, cette époque était pour nous des plus marquantes en étant des plus riches en souvenirs, ou des souvenirs à profusion. Sans doute aussi qu’il s’agirait d’un devoir à accomplir en guise d’hommage poignant, étant implicitement notre tout premier « Temple » du savoir et de la connaissance. 
Notre premier souvenir – il va sans dire, se rapporte immanquablement au premier jour de notre rentrée, après notre inscription. Accompagnés de nos parents, nous étions tout flamboyants avec nos cartables et nos habits neufs portés pour la première fois. Tout heureux, nous prenions le chemin de notre école qu’est Lakul Laxmis (à prononcer cette transcription en Tamazight : Lakoul Lakhmis). Et nos parents qui entrevoient en nous, non sans espoir, un avenir prometteur, pour ne pas dire meilleur. Pourvu que nous soyons sérieux et assidus dans nos études, notre cursus scolaire durant. 
Et ce cursus qui commence d’ores et déjà avec les cycles d’études qui s’enchaineront et se suivront. Autrement dit, un cursus éducative et instructive qui fera de nous, du moins parmi nous - si Dieu le veut, des professionnels, des cadres, des scientifiques, et pourquoi pas des chercheurs et des savants. Pourquoi pas encore, dans toutes les filières relevant des domaines scientifiques, littéraires, juridiques, techniques, informatique, ainsi du reste.
Après cette vision d’avenir, revenons à notre petite école où ce texte à suivre lui est consacré en entier. Pour mieux dire : Un aperçu sur celle-ci, comme on s’en souvient, dont au commencement cette présentation. 
II) A cette époque des années soixante, Lakul Laxmis (à prononcer cette transcription amazighe : Lakoul Lakhmis) n’était qu’une petite école primaire dont le nom « Laxmis » qu’elle porte se rapporte au nom du site où elle est construite. De nos jours - à cette année 2015, elle porte le nom de l’un de nos glorieux martyrs, nommément le Chahid : Kanem Mouloud. 
Bâtie sur une plate-forme taillée et nivelée au bulldozer sur un terrain en pente, notre petite école avait par un coté, comme voisinage tout particulier, à savoir : le cimetière du village. Et de nos jours, une somptueuse mosquée qui en est rajoutée.
En bas de la plate-forme, c’est le jardin de l’école d’un bout à l’autre, tout en pente. Un jardin si spacieux qu’il pourrait à l’avenir bien servir pour d’éventuelles extensions en construction. Ce qui d’ailleurs ne tarda pas à se concrétiser peu après 03 ou 04 années. 
A l’année 1962, année à laquelle elle est devenue l’école algérienne qui annule et remplace l’école française, Lakul Laxmis comporte, en tout et pour tout, les structures et commodités suivantes :
• 03 salles de classe
• 01 petite cour, ou pour mieux dire : une courette exigüe qu’elle est grouillante à souhait d’animation, par nous les écoliers, durant nos recréations. 
• 01 sanitaire collectif avec quatre ou cinq W.-C. tout au plus.
• 01 local où se sont regroupés les bureaux d’administration, y compris le bureau du Directeur. 
• Un réduit servant de cantine scolaire. Où l’on préparait à notre souvenance des rations de lait accompagnées de croutes de pain, pour nous les écoliers et les écolières. Et ces rations servies dont on ne se souvient plus à quel moment de la journée, mais raisonnablement parlant, probablement l’après-midi en guise de petit gouter.

• Enfin, le portail en grillage débouchant directement sur le carrefour exceptionnel du village : d’où partent et arrivent 06 itinéraires tout confondus. 

Comme jardin, avons-nous dit, la partie inferieure de l’école ; néanmoins infranchissable en étant tout entouré d’une haie. Sans bancs et sans allées, ce jardin ressemble tant soit peu à un champ, bien beau avec ses frênes, ses figuiers et ses cerisiers, sans oublier les bouquets ornementaux de roses, plantés çà et là comme ornements. 
Ceci dit, passons à cette suite qu’est le corps enseignant et les événements marquants. 
III) De prime abord, précisons que pour rester dans le contexte d’un texte - et non d’un roman à lire, force nous est alors de recourir à un récapitulatif indicatif, et ce, partant de l’année 1962 jusqu’à 1970. D’où globalement, le corps enseignant - sans qu’il ne soit pris en compte des mutations et des affectations survenues, qui en est l’ensemble de ces instituteurs titulaires, accompagnés de leurs fonctions respectives. Et leur nomination telle que nous les appelons, à savoir :
• M. Hammouche : instituteur en langue française
• Cheïkh Aroumi : instituteur en langue française
• Cheïkh l’Mouloud (Immoune) : instituteur en langue arabe 
• Kab Hocine : instituteur en langue française 
• Cheïkh Mouh-d-Idir : instituteur en langue arabe
• Cheïkh Ahmed (Koulal) : instituteur en langue arabe
• Cheïkh Chabane (Meriane) : instituteur en langue française
• Cheïkh Iratni : instituteur en langue française
• Cheïkh Amar (Hedir) : instituteur en langue française
• Cheïkh Belkacem (Hadid) : instituteur en langue arabe
• Cheïkh Belkacem (Halit) : instituteur en langue arabe
• Cheïkh Harani : instituteur en langue arabe
• Et… pardon en cas oublis !
Quant aux événements marquants datant de cette époque, récapitulons pareillement et comme suit :
• Les instituteurs en sont tous de notre localité, excepté un instituteur que l’on appelait distinctement : Cheïkh Aroumi, au sens : le coopérant français. Ce dernier, rejoignait l’école en voiture, de marque et type : 02 CV, Citroën. Il y venait de Béni-Douala-centre où il disposait d’un logement de fonction, fort probablement. 
• A l’année 1962, M. Hammouche Hachimi nous est affecté en qualité d’Instituteur chargé d’assurer les cours de français. Soulignons au passage qu’il est de même village que nous sauf qu’il était né et résidant à Tizi-Ouzou-ville.
• Monsieur Iratni avait occupé le poste de Directeur en même temps qu’il était notre instituteur de français. Mais celui-ci ne tarda pas à partir, passant les consignes pour Cheïkh Amar (Hedir) qui le remplaça au même poste d’instituteur et de directeur. 
• Du temps qu’il était Directeur, Cheïkh Iratni avait organisé, lors d’une fin d’année, un banquet général. Ainsi à midi, tout l’effectif scolaire fut convié pour un couscous viande, apprêté avec du bouillon. Tout était préparé à l’école même où un veau bien gras fut égorgé. Pour avoir de la place, ce jour-là, l’on utilisa le local avoisinant et vaquant qu’est l’ex mairie de Laxmis. 
• Cheïkh Chabane Meriane, nous venait d’un village avoisinant qu’est : Taddert Oufella. Faisant la navette aller-retour parfois à pied, parfois en vélo. A bicyclette, en y venant, le premier tronçon de Tadert-Oufella à Béni Douala-centre est une côte, dès lors force lui est de tenir et de pousser par lui-même son moyen de locomotion. En revanche, pour le second tronçon qui est une descente de Béni-Douala jusqu’à l’école, c’est la bicyclette qui le transportait enfin, aisément sans pédaler. Il va sans dire qu’au retour, le même scenario se reproduit sauf que la descente et la montée en sont réciproquement interverties.
• Lakul Laxmis ne tarda pas à connaitre les projets d’extension. Vite fait presque, l’on annexa dans le jardin en pente deux salles de classe en vis-à-vis, séparées d’une courette et surmontées chacune d’un logement de fonction. Du coup, il est mis fin aux navettes fatigantes de Cheïkh Chabane qui s’est vu attribué de droit l’un des logements. Et le second pour le directeur, nommément : Cheïkh Amar. A sa retraite, Cheïkh Chabane céda le logement de fonction, et on l’attribua au successeur qu’est Cheïkh Belkacem (Halit). 
• Ceci dit, voici le moment venu pour évoquer le type de scolarité qui nous est assurée. Autant dire, une scolarité simple de par les moyens mais de qualité de par la pédagogie. 
IV) A dire vrai, parler d’école sans parler de scolarité serait rien, fort assurément ! 
En cette époque, notre petite école ne disposait que de peu ou prou en moyens pédagogiques. Et pour cause : notre pays - venant juste de reconquérir sa souveraineté et son indépendance, qui en est donc surmené par tant de problèmes et de difficultés à résorber tout à la fois. Néanmoins, cela ne nous a pas empêché de bénéficier d’un enseignement dont les moyens manquent mais dans la qualité est bonne. Dieu merci ! 
Parmi les moyens marquants mais manquants, au-dedans de notre petite école, il n’y a pas de bibliothèque. De même qu’au dehors et tout alentour, aucune librairie. Nos seuls supports didactiques et pédagogique en sont nos instituteurs d’une part, nos salles de classe et nos rudimentaires articles scolaires d’autre part. 
Pour écrire, l’on se servait de la plume trempée dans l’encrier. Pour lire, nous n’avions - à quelques exceptions près, que nos manuels scolaires, ou les seuls disponibles pour être « épluché » et « décortiqué ». Du reste, l’on recourait à nos tables d’addition, de division, de soustraction et de multiplication, ou les seuls encore qui nous aidaient au mieux pour effectuer nos opérations de calcul. 
En sortant des cours, nous rejoignons nos maisons. Ensuite, la Djema où nous avons droit à une pause récréative de défoulement. Ensuite, rentrée pour de bon à la maison où nos devoirs scolaires nous attendent. 
Le moment venu, l’endroit privilégié de par son calme et son repos apaisant est la soupente traditionnelle, montée sur pivots. Dont un coin approprié est aménagé de manière rudimentaire pour les études. Là, nous accomplissons nos devoirs, y compris nos révisions. De jour, à la clarté du ciel s’introduisant en puits de lumière par la lucarne ouverte. De nuit, à lumière vacillante de la lampe à carbure sinon de la bougie. 
Après ces simplicités dévoilées au grand jour, maintenant comparons-les aux modernités de l’heure ! 
• Que dire de la plume qui fut notre joyau pour écrire sinon que de nos jours celle-ci est en voie de disparition, tant le clavier à touches ou digitales la détrônait à pas de géant !?
• Les calculatrices scientifiques annulent et remplacent les procédures d’antan s’appuyant sur les tables et les abaques. 
• La lecture, pour qui veut, elle se passe de tout commentaire tant tout est à portée de main, moyennant une panoplie de moyens. 
• Ainsi du reste…
De par la magnificence de maintenant, il est plutôt difficile de déceler ce qui peut bien manquer. Tout existe sinon presque. L’accès au savoir et à la connaissance est possible par tant de moyens, qui mieux est, aisés et performants. Avec notamment ces incroyables bibliothèques numériques qui ont vu le jour, qui plus est, à usage publique. Finalement, que de supports didactiques et pédagogiques, réels et virtuels, existants et disponibles !? 
V) Une fois de plus, reprenons avec notre époque d’antan pour évoquer - non sans plaisir, les plaisirs de nos inoubliables recréations, assurément dans la cour de notre petite école. 
L’annonce pour la pause des recréations se fait par coups de sifflet. A l’heure dite, les salles se vident et la cour qui se remplit promptement. Par nous-mêmes : les écoliers et les écolières, bien évidemment. 
Les filles préfèrent jouer leurs propres jeux, en occupant un petit coin isolé. Voire en retrait et séparément des garçons En petits groupes, elles jouent à la marraine ou à la corde le plus souvent. Bavardant très peu qu’on les prendrait plutôt pour de petites sages.
Nous autres par contre, comme si nous en avions un trop-plein d’énergie à dépenser, qui donc de nous pourrait tenir en place !? Avec une euphorie sans bornes, l’on est là et là-bas tout à la fois, préférant courir que de nous asseoir. S’adonnant à des courses et des poursuites effrénées, voire à cœur joie et une gaieté sans bornes. Allez-y donc comprendre d’où nous viennent de telles joies pures et innocentes !? Aussi, que ne fait-on d’autres comme amusements et divertissements durant ces poignées de minutes qui tout au plus ne dépassent pas le quart d’heure. Tous nos jeux enfantins passent en revue sinon presque : au saute-mouton, aux billes, à la cachette, etc. 
En notre école, permettez-nous d’affirmer haut et fort que la minute dure plus longtemps comparativement à la courte minute de maintenant. Surtout ne nous demandez pas : Comment ça !? Sinon c’est comme ça, avec la différence qui est tel l’écart qui sépare le ciel de la terre, voilà tout ! 
VI) Nous y voilà alors arrivé aux conclusions !
Que dire donc de cette rétrospective - brossée avec sincérité, sinon qu’elle figure toujours et toujours parmi nos impérissables souvenirs d’enfance ! Pour l’heure, c’est à nous demander ce que sont devenus nos ex camarades de classe perdus de vue !? 
• Fort heureusement, parmi eux ceux et celles dont on est tout heureux d’apprendre qu’ils sont dans d’heureuses situations. Tant aisés familièrement, financièrement que professionnellement, Dieu merci !
• Quelques-uns et quelques-unes, hélas, en sont nos regrettés(es) qui nous ont quittés(es). Paix à leur âme ! 
• D’autres encore dont on ignore leur sort et dont on espère qu’ils (elles) sont vivants(es) et bien portants (es). Puisse Dieu !
Quant à Lakul Laxmis qui a le privilège d’être notre tout premier « Temple » du savoir et de la connaissance, Dieu merci qu’il existe encore, continuant toujours et honorablement à propulser ses écoliers et ses écolières vers l’éminence et l’érudition. Qui mieux est, avec des résultats probants et concluants. Dont comme preuve indélébile, tous ces cadres et ces Hauts-cadres en pleine carrière et à l’échelle nationale. Et mieux que tout, l’inoubliable Lakul Laxmis qui fut leur première source du savoir. Encore, Dieu merci !
DJIGHKOUN DHI-LAHNA : RESTEZ EN PAIX !

Aucun commentaire: