vendredi 18 septembre 2015

Aït-Bouyahia : Couleurs, senteurs et décors. Ihallalène

Mouloud Halit

Aït-Bouyahia : Couleurs, senteurs et décors.


A toutes et à tous, @zul fell@wène !... Par ce titre choisi, nous allons tenter de vous peindre avec la plume quelques couleurs, senteurs et décors se rapportant à notre beau village. Soit dit, non pas le tout mais simplement, ou de manière sélective, celles et ceux remontant à une époque plutôt ancienne que récente. En l’occurrence, l’époque datant des années soixante du siècle d’avant. Et cela avec la bonne intention ou le bon vouloir à la faire revivre pour certains, et à la faire découvrir pour qui d’autres. Ainsi pour les uns et pour les autres, sans doute que le doux ressentiment de nostalgie sinon de curiosité ne pourra nullement leur échapper, tant ce qui touche à nos racines, nos us et nos traditions ne peut qu’être fort attirant et attrayant. Aussi, quoi de mieux que de sauver en sauvegardant les couleurs, les senteurs et les décors lesquels au péril de l’oubli risquent de se perdre, ou ne devenir que des
prestiges vides de sens !?
Sans tarder donc, voici notre première partie, au titre : Ihallalène !
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Première partie : Ihallalène !
Ihhallalène - selon cette approche de définition qui est la notre, en sont les « crieurs de nuit » lesquels sillonnent à la marche nos quartiers du village, entonnant des D’kars religieux, au rythme d’une chorale et d’une percussion. La percussion étant toujours avec le Bendir et/ou la Derbouka. La mission de cette troupe revêt un caractère noble et sacré de par son fait de réveiller les « Jeûneurs » pour le S’hour. Ou le dernier repas à prendre peut avant le jeûne prévu de jour, et ce, à compter du lever jusqu’au coucher du soleil.
Tant le Ramadhan en est un thème si vaste pour être développé amplement, dès lors cette première partie sera consacrée en exclusivité pour cette illustre troupe d’Ihallalène, laquelle - à dire mieux, se mettait bénévolement - le mois de Ramadhan durant, au service du village. Dans le cadre de cette mission sacrée sus mentionnée.

Ainsi, dès l’appel du muezzin, perché au haut du minaret de la mosquée, pour la rupture du jeûne, les « Jeûneurs » sans exception s’attaquent à la seconde près au F’tour, Assurément de bon appétit, tant l’estomac - de chacun et de chacune, en est tiraillé de soif et de faim.
Peu après que les tables basses, ou Meïdas furent desservies, la nuit commence à envelopper le village, ce qui justement marque le commencement louable des soirées " ramadhanesques ". Avec toute l’ambiance et toute l’animation exclusives à ces belles soirées.
En notre village, deux cafés maures s’ouvrent à l’occasion et restent ouverts durant tout ce mois sacré. Les deux situés à proximité du village, et comme local des gourbis au mieux accommodés et aménagés. L’un d’eux c’est le café : n’Ali n-Tayeb (Halit) se trouvant à l’est du village au lieu-dit: Thavourats, et l’autre: le café n-Belkacem-l’Hadj-Ahmed (Hadid), à l’ouest du Village, au lieu-dit : Aguen’Ali. C’était là dans ces deux coins que les éléments de la troupe d’Ihallalène passaient chacune de leurs soirées. Et ce, du F’tour jusqu’au S’hour. Sous l’atmosphère heureuse de la bonne ambiance, l’on jouait aux cartes, au jeu gagnant du Loto, tout en consommant des boisons fraîches, et sirotant des boissons chaudes. Et pour compléter le luxe, ces boissons que l’on préférait accompagner avec le tabac à priser ou à fumer.
Comme ces cafés - avons-nous dit, sont en retrait du village, il arrive que Belkacem gu-Idir soit sollicité dans l’un ou l’autre de ces deux cafés pour animer et divertir par une soirée musicale tant il était un excellent musicien : jouant à la perfection la guitare, la mandoline et le Luth. Et comme la troupe Ihallalène disposait de leurs instruments de percussion dont la Derbouka et le Bendir, dès lors une troupe locale musicale se forme d’elle-même. Sans rentrer dans les détails, l’on profitait d’une ambiance tout autre qu’est ce spectacle marqué par des chants, de la musique et de la danse. Qui mieux est, à la belle étoile et sous la lumière réverbère des lampes à carbure.
Enfin, quand arrive l’horaire pour l’appel au S’hour, les éléments de la troupe où qu’ils se trouvent y rejoignent avec ponctualité la plate-forme d’El-Vour qui est leur lieu du rendez-vous fixe. De-là, et tout en restant à la même place, la troupe entonne au commencement le classique Istikhbar : « adh saligh anvi fellak ». Après quoi, cette troupe - accompagnée de jeunes qui la suppléent en chorale, qui sillonne alors et à la marche les ruelles du village. Moyennant les D’kars religieux, la percussion et la chorale. Et comme parcours, le tour complet du village. En l’occurrence, quartier par quartier, parmi eux : Imanouhène, Ath-Wahmame, Ath-l’Hadj Lamara, Ath-Rabe3, et autres.
Par devoir à la vérité, citons par leurs noms ces éléments - qui les premiers nous sont venus à l’esprit, lesquels étaient de l’effectif de cette illustre troupe d’Ihallalène : Mouh d-El Hocine (Hadid), Ali-n-Belkacem-Ath-si-Ali (Harouche) l’Hocine n-AHMED (Hedir), et d’autres encore…
Enfin, la tournée effectuée, la clôture qui s’effectue tout en beauté !
Selon ces deux courtes phases à savoir: à Tighilt-l’Djema, c’est la reprise (sur place) de l’Istikhbar. Et comme dernière (pareillement sur place) mais à la placette du mausolée de Djeddi Amar, cette illustre troupe d'Ihallalène qui clôt sa mission noble et sacrée qu’est l’appel pour le S’hour, avec un rythme et une ferveur plus accentués.
Voilà tout pour cette première partie. Mes amitiés !
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PS : Et Inch’Allah, comme deuxième partie à suivre, en voici son titre : Thimachrat !

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